En plein dans le MIL (Mouvement ibérique de libération) – (extraits)

 

On peut dire que la classe ouvrière, au début des années 70, est passée à l’offensive. Et c’est à partir de cette offensive, me semble-t-il, que l’on doit comprendre la naissance du MIL. Le MIL a su analyser ce mouvement ouvrier, tout en en étant partie prenante. Il a constaté que ce mouvement passait à une phase de violence, de violence révolutionnaire et de radicalisation. Et c’est dans ce contexte qu’avec d’autres groupes – dont certains membres étaient français, ou provenaient de l’exil, ou encore étaient des enfants de libertaires –, le MIL est apparu au début de l’année 1971.

(…) On a commencé à faire des expropriations pour diverses raisons, mais l’une des principales était de doter le mouvement ouvrier autonome d’une bibliothèque prolétaire et révolutionnaire, en visant plusieurs objectifs : l’un était de faire connaître, comme je l’ai déjà dit, des textes révolutionnaires, qu’ils soient marxistes anti-autoritaires, anarchistes, ou qu’ils parlent des luttes en Italie, des luttes en Europe – comme par exemple L’Europe sauvage.

(…) Nous recourions aux expropriations pour une autre raison importante : nous doter d’une infrastructure en véhicules, en appartements, en armes… Et ce afin de pouvoir agir en soutien au secteur le plus radical de la classe ouvrière avec qui le contact n’avait jamais été rompu. Bref, afin d’aider et soutenir ce mouvement en pleine croissance. Nous parlions d’agitation armée par opposition à la lutte armée. Il y avait à cette époque en Europe et dans le monde de nombreuses organisations de lutte armée. (…) Nous nous opposions à cette logique. Nous n’étions pas d’accord avec le fait de créer des organisations de lutte armée, parce que nous pensions que la lutte armée et ses organisations créent une direction, un leadership qui attire les masses mais ne s’attaque pas à la division entre dirigeants et dirigés. Nous étions contre cette séparation, nous pensions que les travailleurs devaient eux-mêmes s’assumer face à l’aliénation, l’exploitation et l’oppression. Il n’y avait pour nous pas d’autres voies possibles. Nous étions contre la création de structures de pouvoir.

 

 

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